Histoire d’un des plus grands hôtels de jungle au monde
Le complexe hôtelier Ariaú Amazon Towers, situé à 60 kilomètres de Manaus, a marqué l’histoire du tourisme en Amazonie. Ce fut le premier à être construit au cœur de la forêt amazonienne et il est rapidement devenu l’un des plus grands hôtels de jungle au monde. Pendant près de 30 ans, il va mettre sur le devant de la scène la grande Amazonie et attirer ainsi les plus influentes célébrités internationales au cœur de la forêt. >Toutefois, après plusieurs années difficiles et une accumulation de dettes, l’hôtel doit finalement fermer ses portes en 2016. Laissé à l’abandon, la nature y a désormais repris ses droits et seules quelques ruines témoignent aujourd’hui de la présence de cet immense hôtel au cœur de la forêt.
Photo des ruines d’une des tours de l’hôtel Ariaú Amazon Towers situé dans la forêt amazonienne
La naissance d’un hôtel au coeur de la forêt amazonienne
C’est en 1982, avec le célèbre explorateur français Jacques-Yves Cousteau que naît l’idée d’un hôtel au cœur de la jungle. Cette année-là, à bord du fameux Calypso, le commandant Cousteau pénètre avec son équipe au cœur de la forêt amazonienne pour ce qui va être sa plus grande expédition jamais réalisée.
Lors de son passage à Manaus, alors qu’il loge au Mônaco Hôtel, situé dans le centre-ville, il fait la connaissance de Francisco Ritta Bernardino, propriétaire de l’hôtel. A l’époque, l’Amazonie, très souvent référée comme étant “l’enfer vert”, intéresse peu. Pourtant, au cours d’une conversation avec Ritta Bernardino, le visionnaire et soucieux de l’environnement Jacques Cousteau lui affirme que bientôt, la préservation de la planète deviendra le centre des préoccupations, plaçant ainsi l’Amazonie et l’importance de sa protection sur le devant de la scène. Le commandant souffle alors au propriétaire l’idée novatrice d’un hôtel au cœur de la jungle amazonienne qui permettrait d'accueillir les gens afin de les sensibiliser à la préservation de la forêt.
Il n’en fallait pas plus à Ritta Bernardino, riche entrepreneur, autrefois militaire dans l’armée brésilienne, pour entreprendre la construction de ce qui deviendra ensuite l’un des plus grands hôtels de jungle au monde. C’est ainsi qu’en 1985, une première tour comptant quelques appartements et un restaurant s’élève au-dessus du fleuve. Elle est érigée dans une région que le propriétaire connaît par cœur: sur les berges du fleuve Ariaú, affluent du Rio Negro. L’Ariaú Amazon Towers était naît.
Vue du ciel de l’hôtel Ariau Amazon Towers Source: https://www.uniqhotels.com/ariau-towers-amazon
Un immense hôtel de jungle
Pour accueillir toujours plus de visiteurs, Ritta Bernardino voyait grand pour l’Ariaú Amazon Towers. Avant de fermer ses portes, le complexe hôtelier s’étendait sur 66 hectares et comprenait huit tours ainsi que deux tours d’observation de plus de 40 mètres de haut offrant une vue imprenable sur la canopée. Au total, l’hôtel comptait environ 300 suites et les plus luxueuses, appelées “maison de Tarzan”, étaient situées au sommet des tours, surplombant ainsi la forêt amazonienne et offrant aux visiteurs une vue à 360 degrés. L’ensemble était relié par environ huit kilomètres de passerelles, que les touristes pouvaient emprunter à bord de petites voitures de golf. Tout le complexe hôtelier était érigé sur pilotis: méthode permettant de pallier aux variations du niveau du fleuve d’une saison à l’autre, et qui est celle utilisée par les caboclos dans la construction de leur maison au bord du fleuve.
En plus de ses suites toutes équipées, l’Ariaú Amazon Towers offrait à ses visiteurs tout le confort nécessaire avec deux restaurants, des bars à thème, une piscine, un espace salon avec télévision, un grand auditorium et même un héliport. Le tout avec une connexion wifi. Tout était fait pour attirer la clientèle au cœur de la forêt amazonienne. De nombreuses activités étaient également proposées afin de mieux faire connaître la région. Les visiteurs pouvaient ainsi rencontrer les fameux dauphins roses, faire des sorties en canoë, aller voir la Rencontre des Eaux ou encore découvrir l’artisanat des communautés locales alentour.
Au cours de son existence, l’hôtel a reçu de nombreuses personnalités. Bill Gates, Jimmy Carter, l’ex-Roi d’Espagne Juan Carlos, l’acteur Arnold Schwarzenegger et bien d’autres ont foulé le bois de cet immense hôtel, faisant ainsi un peu plus parler de l’Amazonie. Le complexe hôtelier a également servi de lieu de tournage, notamment au film Anaconda ou encore à l’émission de télé réalité Survivor et il a même reçu en 2008, l’équipe de tournage de Koh-Lanta.
Au cours de son apogée, entre 1995 et 2001, l’établissement recevait jusqu’à 3000 touristes par mois et employait environ 400 personnes. Pour séjourner à l’hôtel, ses clients devaient débourser entre 500 et 2000 dollars selon le package, permettant à l’Ariaú Amazon Towers un revenu annuel alors estimé à 12 millions de dollars.
Photo de l’une des tours de l’hôtel Ariau Amazon Towers Source: https://www.uniqhotels.com/ariau-towers-amazon
Un hôtel abandonné et en ruines
Les choses vont finalement commencer à se dégrader en 2001, lors des attentats du 11 septembre. Les Américains représentaient en effet une très grosse partie de la clientèle de l’hôtel, mais après les attaques, leurs déplacements en avion vont considérablement chuter. A partir de ce moment, les recettes de l’établissement, jusqu'alors en dollars, passent en monnaie locale (en real), rendant les profits beaucoup moins intéressants. En 2004, la situation va encore se compliquer pour l’hôtel lorsque le gouvernement brésilien, en réponse aux nouvelles restrictions appliquées aux voyageurs aux Etats-Unis, impose de nouvelles contraintes aux touristes américains arrivant sur le territoire. En plus du visa consulaire, ces derniers doivent désormais faire une photo d’identité ainsi que leurs empreintes digitales à l’arrivée au Brésil. Des mesures qui découragent beaucoup d’organiser un voyage dans le pays. A partir de là, l’hôtel passe en déficit. Il tente alors d’attirer davantage le marché brésilien, toutefois sans grand succès.
Parallèlement, la situation se dégrade au sein de l’hôtel, sa gestion administrative est délaissée, les salaires des employés ne sont plus correctement payés et les dettes s’accumulent.
En 2015, Ritta Bernardito tombe malade et arrête totalement de s’occuper de l’hôtel. La situation devient alors critique.
La crise, la diminution du nombre de touristes, les coûts d’entretien extrêmement élevés en raison de la localisation de l’hôtel et la très mauvaise gestion auront finalement eu raison du succès de l’Ariaú Amazon Towers. En 2016, avec environ 40 millions de reais de dettes et des amendes à payer, l’hôtel se voit contraint de fermer ses portes. Une mise aux enchères est lancée, mais n'aboutit à rien. Après plusieurs mois incertains quant à son avenir, le verdict tombe, il ne rouvrira plus.
De cet imposant hôtel qui se dressait autrefois au-dessus du fleuve, ne reste désormais que des ruines. De nombreuses tours ont été détruites, la majorité des passerelles sont impraticables et l’accès est désormais interdit. La nature y a totalement repris ses droits.
Pourtant l’hôtel demeure encore dans tous les esprits des habitants de la région. Lors d’excursions sur le fleuve, il est même possible d’apercevoir au loin quelques vestiges encore debout, témoins de l’imposante structure qui s’y est tenue quelques années auparavant.
L’Ariaú Amazon Towers, l’un des plus grands hôtels de jungle du Brésil et du monde a longtemps contribué à la promotion de l’Etat d’Amazonas sur le plan national et international. Celui qui fut même nommé “l’une des septs merveilles du monde” par une revue américaine a permis de faire connaître la région. Bien qu’il ne représentait pas du tout un modèle d’écotourisme, il a permis, à travers l’expérience de la forêt offerte à ses clients, de sensibiliser aux problèmes de la région et à l’importance de sa préservation et cela à une époque où l’Amazonie commençait tout juste à faire parler d’elle sur le plan environnemental.
Malgré des dernières années difficiles, sa fermeture a eu un gros impact sur toutes les personnes qui en dépendaient. L’Ariaú Amazon Towers représentait en effet une véritable opportunité pour les habitants de la région. Il employait jusqu’à 400 salariés directs, tous locaux, leur offrant de surcroît un accès à l’électricité et à internet et la possibilité de subvenir aux besoins de leurs familles. Par son activité, l’hôtel bénéficiait ainsi également indirectement à environ 300 familles des communautés alentour. La venue des touristes dans les différentes communautés permettaient aux habitants de ces dernières de vendre leur artisanat auprès des visiteurs, mais également de se faire connaître, partager leur culture et traditions.
Depuis l’Ariaú Amazon Towers, aucun projet d’une telle envergure n’a été entrepris à nouveau au cœur de la forêt amazonienne, cela en raison notamment des limites et contraintes que signifient la construction d’une telle structure.
Aujourd’hui, bien que l’hôtel ne soit plus là, l’Amazonie et l’importance de sa préservation sont plus que jamais dans les esprits. Chez Heliconia, nous avons la certitude que le tourisme, bien pratiqué, peut réellement s’imposer comme une solution durable aux problèmes dont fait actuellement face la forêt amazonienne. En plus de faire découvrir cette région unique, le tourisme permet de sensibiliser les voyageurs à l’intérêt de sa protection. L’intérêt des visiteurs pour la région valorise ensuite la forêt auprès de ses propres habitants, à leur tour plus soucieux de la préserver et de transmettre leurs connaissances et leur culture.
Avec notre petite agence locale, nous prônons l’idée d’un tourisme plus responsable et beaucoup plus intime, ce qui permet de limiter son impact environnemental contrairement aux grosses structures pouvant accueillir des centaines de voyageurs en même temps.
Notre souhait est de faire découvrir à nos voyageurs l’Amazonie de la façon la plus juste possible, sans artifices, afin d’avoir une réelle immersion dans cette incroyable région. Pour cela, nous privilégions les petites structures qui permettent une meilleure gestion de leur empreinte environnementale et sociale.
Par ailleurs, nous avons l’intime conviction que le meilleur moyen de vivre la vraie Amazonie est d’embarquer à bord d’un petit bateau régional. Le bateau est le moyen de déplacement le plus utilisé dans la région. Voguer au fil de l’eau permet de mieux appréhender la forêt amazonienne et la croisière offre un sentiment de liberté incomparable.
Si cela vous a donné envie de découvrir cette magnifique région et que vous souhaitez tenter l'expérience, c’est par ici.